Histoire du journal LE FIGARO

Le 16 novembre 1866 paraît, sous l’impulsion d’Hippolyte de Villemessant, le premier Figaro quotidien. Ce nouveau quotidien connaît alors un succès rapide grâce à des contenus diversifiés et de qualité : Le Figaro est un des premiers journaux à publier des grands reportages réalisés sur place, en France ou à l’étranger, par ses propres journalistes ; son style alerte et vivant se démarque du style terne de la presse de l’époque. Il participe aux grandes affaires politiques du XIX e siècle, ne dédaignant pas la polémique. Sa position favorable à l’accusé lors de l’affaire Dreyfus va lui faire perdre des lecteurs.
En janvier 1902, Gaston Calmette devient directeur du Figaro ; il augmente la pagination et voit sa diffusion redémarrer. Assassiné en 1914, il est remplacé par Robert de Flers et Alfred Capus. C’est déjà, à l’époque, un journal de la droite conservatrice, plutôt modéré. Mais cette orientation va se radicaliser avec le changement de propriété qui intervient en février 1922 et la prise de contrôle majoritaire du parfumeur François Coty, grand admirateur du fascisme italien. La fusion avec Le Gaulois est opérée en 1928. En octobre 1936, Pierre Brisson est directeur du journal, devenu entre-temps la propriété de l’ex-épouse de F. Coty, M me Cotnareanu ; Pierre Brisson va dominer la vie du quotidien durant trente ans, donnant au Figaro sa qualité et un ton plus modéré. Replié en zone sud après la débâcle, le journal se saborde le 11 novembre 1942.
Il reparaît, toujours avec l’équipe Brisson, le 23 août 1944, avec une structure particulière : une société anonyme, propriétaire du journal, et une société fermière, éditrice du journal avec un bail de dix-neuf ans. Après la mort de Pierre Brisson, le 31 décembre 1964, M me Cotnareanu cède ses parts à MM. Prouvost et Béghin. La société des rédacteurs obtient en 1965 une représentation au sein de la société fermière. Le journal va traverser une crise structurelle très grave en 1969-1971, à l’échéance du bail d’exploitation de la société fermière. L’accord conclu en 1971 stipule que la Société du Figaro — société propriétaire — doit constituer une filiale — la Société de gestion — chargée de gérer les différentes publications du Figaro : le quotidien, Le Figaro littéraire, Le Figaro agricole qui a depuis cessé de paraître. Jean Prouvost est alors président de la société propriétaire ; il est également président de divers périodiques (Marie-Claire, Parents, Paris-Match, Télé-7 jours) et administrateur délégué de R.T.L. : il se trouve ainsi à la tête d’un des premiers groupes de presse français. Durant la même période, c’est Louis-Gabriel Robinet qui dirige la rédaction.
Un nouveau conflit va éclater en juin 1975 lorsque Jean Prouvost vend le quotidien à Robert Hersant. Une cinquantaine de journalistes quittent le journal. À cette date, la diffusion atteignait 347 379 exemplaires (contre 358 000 en 1950 et 429 000 en 1970). Cette baisse de la diffusion persiste, et, pour recueillir de nouvelles recettes de publicité, Robert Hersant lance, le 7 octobre 1978, Le Figaro Magazine, hebdomadaire en vente couplée avec le numéro du samedi du quotidien et qui fait suite au Figaro-Dimanche introduit l’année précédente. Le Figaro atteint alors une diffusion de 343 336 exemplaires, et 553 600 pour Le Figaro Magazine, auquel s’ajoutera le 26 avril 1980 Madame Figaro. Sous la direction conjointe de Raymond Aron (qui démissionne en 1982) et de Jean d’Ormesson, Le Figaro se maintient dans la ligne de la droite modérée et libérale. Après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, il bascule dans l’opposition, notamment avec l’arrivée d’Alain Peyrefitte à la présidence du comité éditorial et d’André Audinot et de Max Clos à la direction de publication.
Poursuivant la modernisation de l’entreprise, le groupe Hersant parvient, à partir de 1982, à faire remonter les ventes du quotidien dont d’aucuns annonçaient la fin prochaine. Il recourt à la formule, empruntée à la Grande-Bretagne, du jeu boursier Portfolio pour relancer l’activité et fidéliser la clientèle. En mars 1986, Philippe Villin devient directeur général du Figaro, à charge pour lui de redresser une situation financière médiocre. Après le lancement de Lyon Figaro, durant l’été de 1986, pour remplacer progressivement Le Journal Rhône-Alpes, la diversification du produit Figaro se poursuit. Le 7 février 1987, le supplément Figaro T.V. est couplé à France-Soir et aux quotidiens régionaux du groupe, et deux nouveaux suppléments apparaissent : Figaroscope, supplément d’information culturelle et de loisir paraissant le mercredi, et Figaro entreprises, complément des pages saumon quotidiennes. Cet élargissement de l’offre de suppléments tout au long de la semaine insère donc aussi Le Figaro sur le marché de la presse magazine hebdomadaire. Cette stratégie vise non seulement à fidéliser la clientèle du quotidien tout au long de la semaine mais aussi à capter une clientèle plus large selon le type de supplément. Le Figaro publie également une version destinée aux étudiants.
En septembre 1988, Philippe Villin se voit confier également la direction de France-Soir, et Franz Olivier Giesbert, ancien rédacteur en chef du Nouvel Observateur, est appelé à la direction de la rédaction (1998-2000). Faute d’avoir totalement réussi le redressement du titre, Philippe Villin doit laisser la place, et c’est Christian Grimaldi assure la direction du titre sous l’autorité directe de Robert Hersant, jusqu’au décès de ce dernier. Sa mort en avril 1996 a amené une réorganisation du groupe Socpresse, société propriétaire du Figaro, et sa séparation d’avec la société France-Antilles, société éditrice de presse régionale dirigée par Philippe Hersant. Yves de Chaisemartin, devenu président de la Socpresse, va rechercher à la fois le soutien des banques pour rééquilibrer les comptes du groupe et des partenaires financiers susceptibles de soutenir le quotidien. C’est ainsi que Serge Dassault, président du groupe Dassault Industries, devient, en 2002, actionnaire du groupe en rachetant 30 p. 100 des actions. En mars 2004, il devient actionnaire majoritaire avec 87 p. 100 des actions de la Socpresse, via une de ses filiales, Dassault communication, déjà propriétaire du groupe Valmonde (Valeurs actuelles) et cherche à imposer immédiatement une ligne éditoriale plus politiquement engagée. Nommé directeur de la rédaction, Nicolas Beytout, ancien rédacteur en chef des Échos, est chargé d’animer une rédaction déjà affectée par de nombreux départs de journalistes (environ une trentaine) à l’arrivée de Serge Dassault.
Source : Christine LETEINTURIER – – Encyclopaedia Universalis
- L’HEBDOMADAIRE SATIRIQUE35,00€
- L’HEBDOMADAIRE ANNIVERSAIRE23,00€
- LE JOURNAL ANNIVERSAIRE26,00€